L'écume des jours

Sur la place du village ardéchois, il y avait une toute petite boutique, reprise par une charmante dame, qui servait pour l’occasion de bibliothèque municipale. Dans son petit capharnaüm de livres, je passais des heures, perchée sur son escabeau de bois. La sonnette tintait régulièrement au gré des visites les jours de marché le lundi et mercredi, mais imperturbable, je restais rivée aux mots enchanteurs de la quelque quarantaine de livres que je lisais le temps de mon séjour chez mes grands-parents maternels. Un jour, lasse de lire les collections destinées aux plus jeunes, je me faufilais dans les minuscules rayonnages à l’affût d’un livre de « grand » (j’avais un tout peu plus de 10 ans ½).  Je furetais entre les livres cornés par les nombreuses lectures, quand Marinette me mit sous les yeux « LE » livre. Ce n’est plus sur mon escabeau préféré que je voulais découvrir la littérature mais tapie sous mes couvertures le soir venant, la douce lumière de ma lampe de chevet éclairant les mots.

Ça y est j’y suis…………j’ouvre et lis le premier chapitre. Colin le « gentil » esprit et vie vide au début du roman, Chloé qui incarne la beauté et la féminité, Chick, Alise, Nicolas et Isis, les amis. La superficialité, l’amitié, tout s’enchaîne et tout m’émerveille dans cet univers absurde, étrange, tout est irréel et me fait rêver dans ce roman. Un monde fou….tiens, tiens, finalement je me sens moins seule, je sais que des auteurs pensent un peu comme moi. Boris Vian devient alors pour moi un précurseur, un phare pour mes futures lectures. S’en suit une frénésie de lectures de cet auteur, l’Arrache cœur et bien d’autres. Je reste attachée à ce livre, L’écume des jours, ce livre qui m’ouvrit d’autres horizons.